Hervé est un pionnier. Maçon de formation dans la région de Lyon, il a abandonné au fil du temps le béton pour se consacrer à un matériau naturel, le pisé… Sujet réalisé pour l’émission Météo à la Carte sur France 3.
Hervé est un pionnier. Maçon de formation dans la région de Lyon, il a abandonné au fil du temps le béton pour se consacrer à un matériau naturel, le pisé…
Hervé : « Le pisé c’est tout simplement de la terre qu’on va prendre le plus proche du chantier et qui va nous aider à fabriquer les murs. Suivant les régions, l’habitude des constructeurs c’est de prendre le matériau qui était le moins éloigné de chez eux donc ici c’est la terre. Un peu plus haut dans les monts, c’est la pierre. Et puis, plus haut, ils construisent en bois. C’est à dire qu’on travaille avec les matériaux qu’on a sous les pieds. »
L’origine du pisé remonte aux premiers siècles. En France, cette technique a connu un essor au XVIIIe siècle avant d’être délaissé peu à peu au profit du béton.
Hervé : « La technique a été abandonnée après guerre quand il a fallu reconstruire la France très vite et la technique du pisée a complètement été supplantée par la technique du béton armé. »
Eh oui, parce que faire une maison en pisée c’est long ! Très long ! Sa maison, il a mis un an à la construire… Pour chaque mur, il fallu tasser de la terre dans des grands coffrages en bois…
Hervé : « La fabrication en pisée est plus longue que la maison tradi. Faut s’imaginer un énorme tas de terre de 70m3 nécessaire à la fabrication de cette maison. C’est la seule maison qui se faisait en pisée dans la région à l’époque alors c’était comme un acte révolutionnaire on pourrait dire. Et le fait de le faire en famille ça avait du sens pour moi. »
Ce révolutionnaire est aujourd’hui un précurseur. Avec le réchauffement climatique, la question de l’utilisation de ce matériau naturel revient sur le devant de la scène…
« Cet été on n’a pas du tout souffert de la canicule… L’intérêt premier du pisée c’est son confort thermique. On a les façades qui sont au sud et à l’ouest qui vont récupérer la chaleur pour la redonner à peu près 12h après. On a un confort hydrométrique exceptionnel. Quand il fait trop sec dans la maison le pisé dégorge son humidité et quand il fait trop humide le pisé se charge de récupérer ce trop plein d’humidité. »
Ce n’est pas étonnant si les marocains ont utilisé du pisé pour construire des Kasbah dans le sud du pays. Elles ont l’avantage de rester fraiche à l’intérieur. Mais attention, on ne peut pas faire du pisé avec n’importe quelle terre…
« Ce n’est pas de la terre végétale que vous utilisez pour faire pousser vos tomates, c’est la terre juste en dessous qui ne va pas comporter ni de petites bêtes ni de racines c’est de la terre qui va être saine. »
Après l’avoir analysée, Hervé la tamise pour dégager les morceaux indésirables tels que des cailloux et autres débris… puis il la presse pour la rendre encore plus compacte.
« Le liant, c’est la jonction entre l’argile et l’eau. C’est ça qui va faire que ça tient. Voilà on relève l’ensemble voilà on a une belle brique qu’on va pouvoir stocker pour sa cure de séchage »
Une fois sèches, ces briques serviront à la rénovation de murs en pisée sur ses chantiers. Avec Hervé, rien ne se perd, tout se récupère…
« Non, on n’achète jamais de terre. On utilise les terres qui sont excavées de nos chantiers. L’énergie sera de plus en plus chère donc les matériaux vont être de plus en plus chers donc on se place dans cette perspective de se dire qu’à un moment on va retourner à des choses simples comme ça. »
Les maçons piseurs ne sont qu’une 30 aine à travailler dans l’hexagone. Mais le pisé a de nouveau le vent en poupe. Alors Laisse béton et pisé tout !